Les SimatoK e-Sport se font un nom

Le 22 janvier 2017, circuit de Daytona, iRacing. A la fin des 24h de l’une des courses les plus emblématiques de la simulation américaine, des Français ont réussi à tirer leur épingle du jeu. Jeremy Bouteloup est le Frenchie le mieux placé dans le split 1, avec sa participation au sein de la VRS Coanda Simsport. SimatoK e-Sport, pour sa part, s’affiche comme la meilleure équipe 100% française, que ce soit en Prototype ou en GT : elle termine à la troisième place dans le split 2 (sur treize au total). SimatoK e-Sport ? Connaissez-vous cette Team ? Jusqu’à l’annonce des résultats, personnellement, je devais reconnaître que non. J’ai donc eu envie d’en savoir plus sur ces inconnus qui ont devancé, contre toute attente, bien d’autres équipages.

 

SimatoK e-Sport, c’est tout d’abord quatre garçons que tout sépare : David Soranzo, Julien Ribouleau, Jason Marechal et Emmanuel Galinier, du plus expérimenté (41 ans) au plus jeune (25 ans). Eparpillés aux quatre coins de la France, ils ne partagent pas la même vie professionnelle, ni la même expérience en Simracing (David débute avec Microprose Grand Prix quand Emmanuel s’est lancé avec Assetto Corsa, il y a deux ans).

Et pourtant, ils ont réussi à se (re)trouver pour former une équipe. Est-ce par affinité en termes de matériel ? Trois sur quatre ayant des triple-screens 24 pouces ? Deux d’entre eux privilégiant Thrustmaster (volant T300, pédalier T3PA, boîte de vitesse TH8A) ? Il faut croire que non, d’autant plus que Jason joue les trouble-fêtes avec son Logitech G27 et son simple écran, comme Julien, équipé full Fanatec. La réponse est ailleurs. « Nous n’avons pas de pilote sprint, que d’endurance, de minimum 1h », explique Jason « et nous avons entre nous, un niveau homogène puisque nous tournons avec des écarts d’environ 2 dixièmes». C’est un début…

A la recherche d’une reconnaissance…

Tout commence en fait avec David qui pilotait dans l’équipe Prosracing Sport. Jason le rejoint et ils roulent ensemble pendant un an. Julien fait aussi son apparition et une nouvelle année se passe encore, avant que tous ne partent pour une nouvelle formation plus orientée compétition : Endless SimRacing. Mais le niveau est très hétéroclite, ce qui ne leur convient pas, et après un fugace passage par la E2G, ils forment en octobre 2016, SimatoK e-Sport.

« J’avais un bon contact avec SimatoK, un concepteur et fabricant suisse de simulateurs dynamiques haut de gamme », précise David, en charge justement des relations partenaires, « et je lui ai proposé de fonder une équipe à son nom pour lui donner une bonne visibilité sur iRacing ». L’idée tente le professionnel, Edouard Fatio, ancien pilote de rallye, qui veut justement de l’animation autour de sa marque.

Soutenue ainsi financièrement, SimatoK e-Sport se lance dans la compétition sur iRacing avec un objectif bien précis. En se concentrant sur les courses d’endurance en Proto et GT (même si David leur fait quelques infidélités en pilotant de temps en temps en monoplace, excepté en F1, « trop élitiste », selon l’intéressé), ils veulent monter les échelons pour finir dans le Top Split en endurance. « Ce qui nous permettrait de rouler avec les plus grands, et ainsi d’afficher nos couleurs et celles de nos partenaires lors des Stream », souligne Jason. Les petits nouveaux ne manquent de culot, diront certains.

Mais les SimatoK e-Sport sont armés pour y arriver. Ils ont cumulé par le passé, hors de la Team, et gagnent encore aujourd’hui de l’expérience en multipliant les participations prestigieuses : le vVLN au Nordschleife, les 6h de Watkins Glen, les 12h de Sebring, les 10h du Petit le Mans, le Neo Endurance Series, le DGFX Racing, et j’en passe. Ce qui leur a permis d’obtenir de bons résultats en 2016 : la première place lors des 12h de Bathurst (victoire en classe) et lors des 24h du Mans (split 4), sur iRacing.

 

Ne pas laisser de place au hasard

Ils réfléchissent également à ce qu’ils font. « Nous ne laissons rien au hasard », tient à faire remarquer David, qui est le responsable en la matière, « nous nous inscrivons à telle ou telle compétition car nous savons que nous pouvons y faire un bon résultat ». Opportunistes, direz-vous ? Plutôt stratèges et aussi perfectionnistes. La préparation, par exemple, commence quinze jours avant l’événement. « Nous roulons pour nous faire au combo circuit – voiture, et puis nous ébauchons les setups pour les finaliser trois ou quatre jours avant la course. Ce qui représente une dizaine d’heures de travail par personne », explique Jason.

Ils poussent même le vice jusqu’à rechercher la bonne combinaison pilote – voiture – circuit, ou à trouver des codes pour que le Spotter puisse passer les informations le plus rapidement possible à celui qui est au volant. « Celui-ci n’est jamais seul durant une endurance », souligne Jason « le Spotter vérifie ce qui se passe autour de la voiture, les adversaires, les accidents, les éventuels bouchons, il gère les arrêts au stand, se met en contact avec les commissaires de course s’il y en a, etc… Bref, il bosse autant si ce n’est plus que le pilote ». Et comme chaque détail est important, un planning des relais est même organisé. La recherche de la performance est donc poussée jusqu’à ses limites. « Nous ne nous considérons pas pour autant comme une équipe pro telle la Coanda par exemple, mais plutôt comme des semi-pros », conclut David.

C’est avec cet état d’esprit qu’ils ont abordé l’épreuve sur le circuit de Daytona. L’analyse des qualifications, pendant la semaine qui a précédé la course, a révélé qu’ils avaient une carte à jouer. « Il n’y a pas eu de super pilote », observe Jason, faisant référence aux aliens habituellement employés par leurs équipes pour décrocher la meilleure place. Une bonne chose pour eux puisque la Simatok n’en compte pas dans ses rangs. « Notre temps aux qualifs était donc en accord avec le niveau général de la Team ».

Aux feux verts, ils partent de la 23ème place, avec David au volant. Bonne idée, puisque le Simracer remonte la voiture dès son premier relais en douzième position, sans doute aidé par son habitude de piloter en multi-classe. Sur 24 heures, trois pilotes se succèdent, pour des relais de 1h30 à 1h45, soit 8h de roulage par personne. Le planning est tenu sans problème : Julien et Jason font la nuit, pendant que David dort. Au petit matin, à 5h, c’est Julien qui est dans la voiture, suivi par Jason comme Spotter, qui n’a pas fermé l’œil. La nuit a été agitée, car comme leurs adversaires, ils ont subi les pannes qu’a exceptionnellement connues iRacing durant cette compétition : « les serveurs n’étaient pas stables, et les Spotters étaient kickés par la plate-forme jusqu’à ce qu’elle retrouve sa stabilité », explique Jason.

 

Le Top Split en point de mire

Il leur aura donc fallu également du sang froid pour arriver au bout et obtenir la troisième place dans le split 2 (sur treize au total). « Nous avons aussi le 11ème résultat mondial au niveau du nombre de tours : 848 boucles effectuées ». Et au final, quelles réactions ? « Beaucoup de plaisir, et beaucoup de stress. Les deux derniers relais ont été compliqués car les adversaires revenaient sur nous ». Pour David, « cela permet de soigner la communication. LWS, un hébergeur Internet avec qui nous venions de signer un partenariat, a ainsi pu obtenir son premier podium pour une première participation ».

Forts de ce résultat, les SimatoK e-Sport ne s’arrêtent pourtant pas et ont déjà repris le chemin de la piste. Vous pouvez les croiser en Proto GT les mercredis, ainsi qu’en DGFX Racing et en Neo Endurance Series le week-end. « Nous voulons aussi agrandir notre Team pour pouvoir inscrire deux équipes en endurance », selon Jason « et peut-être réussir à figurer dans le Top Split, lors des 10h de Road Atlanta en octobre prochain ».

Si vous souhaitez en savoir plus, vous pouvez les retrouver sur les réseaux sociaux Facebook, Twitter ou Flicker, et sur Twitch. Un site Internet tout en anglais, est disponible, proposant notamment un Live Timing sur pc et mobile. Vous y trouverez en outre un petit e-mag de 5 pages, lui aussi dans la langue de Shakespeare. Tous les mois, il retrace les faits marquants de l’équipe. Il s’agit encore là d’un effort commun, puisque chaque pilote y contribue.

Osmose, avez-vous dit ?

Crédits photos : SimatoK e-Sport

 

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