Du réel au virtuel…

Quel est le rêve de tout pilote de Simracing ? Conduire une vraie voiture de course sur un vrai circuit, non ? Avant de se lancer, il faut tout d’abord savoir piloter, évidemment ! Mais ce n’est pas aussi simple qu’on le croit ! Quoi de mieux donc que de commencer par un stage de pilotage ? Pourquoi ne pas comparer ensuite cette expérience à une conduite en simulation ? C’est là que je vous invite.

 

 

 

 

Le stage, un cours sur cinq tours, s’est déroulé sur le circuit de Haute Saintonge (17) avec la société Sprint-Racing  au volant de quatre voitures. Au tout début, vous vous engagez en signant un document qui certifie que vous assumez tous les dégâts que vous ferez sur les voitures. Autant vous dire que ça calme d’entrée de jeu ! Il n’y a pas de touche Echap pour annuler et recommencer. Les modèles que j’avais choisis étaient dans l’ordre de conduite une Porsche GT3 997 Aerokit Flat 6 de 355CV, une Audi R8 V8 de 420CV, une Lamborghini Gallardo V10 de 520CV et enfin la Ferrari F430 F1 V8 de 490CV. Je vais m’attarder sur deux modèles en particulier, l’Audi et la Lambo. Pourquoi ? Ce sont les seules que je retrouve dans Assetto Corsa et Project Cars. Je trouve d’ailleurs dommage les problèmes de licences entre les simulations et les constructeurs, comme l’exclusivité Ferrari pour Assetto Corsa. Côté Porsche, elles seront bientôt chez Kunos, mais pour le moment, nous devons nous contenter de la Ruf. Cela dit, pouvoir comparer deux voitures en réel et en simulation est déjà un beau défi.

En mise en bouche, un tour en Porsche Cayenne en tant que passager pour les premiers conseils de pilotage : tenir le volant en position 9h15, les pouces bien calés dans le creux entre la branche et la jante du volant. Vous ne mettez jamais les mains ailleurs, les 180° de rotation suffisent sur le circuit pour tourner et suivre la piste sans lâcher. Je suis en terrain connu avec mon volant à retour de force et ses palettes pour les vitesses. L’accélération doit toujours être progressive, et, une fois le volant droit, vous y allez à fond. Dans les courbes, il faut maintenir l’accélérateur pour conserver la vitesse, avec un filet de gaz. Le dosage dépend du mouvement du volant. En même temps que celui-ci revient vers sa position centrale, vous accélérez de plus en plus. Une fois la roue droite, pied au plancher ! Quant au freinage sur circuit, au contraire d’une conduite sur route, il doit être dégressif. Au début, c’est à fond et franchement, puis il faut relâcher progressivement pour ne pas bloquer les roues. Vous freinez toujours avec le volant droit, donc les roues droites ! Puis, dans le virage, vous maintenez la vitesse et une fois sortis, vous repartez.

Je note déjà une grande différence. En simulation, vous freinez toujours au dernier moment, trop tard et les débutants finissent toujours tout droit, dans le gravier. Le point de freinage se définit en le reculant jusqu’à ce que ça passe. En réel, on freine beaucoup plus tôt, trop tôt, et on procède par étape dans l’autre sens. On augmente la distance parcourue avant le freinage de plus en plus tardif, jusqu’à trouver la limite.

Autre différence avec la simulation : le casque. Eh oui, nous sommes dans une voiture de course ! Les motards sont déjà habitués, les autres auront l’impression d’avoir un poids sur la tête ! Si vous jouez avec un Track IR ou en réalité virtuelle, vous avez déjà un peu plus l’habitude d’avoir quelque chose sur votre tête, mais un casque, ça vous fait quand même tout de suite prendre conscience que vous devez vous protéger !

 

Par ailleurs, quand vous faites un stage de pilotage avec un moniteur à vos côtés, c’est lui qui a les rétroviseurs, pas vous. Là, dit comme ça, ça fait tout de suite bizarre. Vous devez vous concentrer sur votre trajectoire, il s’occupe de la piste et des autres voitures ! Je comprends déjà mieux que je ne suis pas là pour faire une course, mais bien pour apprendre à conduire une voiture de sport.

Audi R8 V10

Boîte séquentielle, palettes au volant mobiles qui suivent quand vous tournez. Plutôt efficace comme voiture, mais  j’ai été traumatisé par mon moniteur. Il m’appuyait sur la jambe pour continuer à accélérer quand j’approchais des virages. Puis il avait le culot de me dire que je ne freinais pas assez rapidement, que je devais être plus concentré. Mais, grâce à lui, j’ai pu me libérer pour ensuite pousser plus loin les limites que je pensais avoir atteintes en conduisant la Porsche. Lorsque vous n’êtes pas habitué à rouler vite sur circuit, avec des voitures aussi puissantes, vous n’osez pas, tout simplement. C’est une vraie voiture, que vous abîmez si vous ne la maîtrisez pas. Au troisième tour, il a appuyé tellement fort sur ma jambe que je suis arrivé trop vite dans le virage : je n’ai pas freiné assez tôt – donc assez fort – j’ai eu le réflexe d’un peu trop tourner le volant et l’arrière a aussitôt dérapé. Je peux vous dire que le subir dans une vraie voiture, n’a rien de commun avec ce que vous vivez quand vous faites de la simulation ! Toute la voiture et votre corps entier ressentent tout de suite cette perte d’adhérence.

En outre, la voiture avait un bruit envoûtant, grâce au moteur placé juste derrière moi, qui me balançait la cavalerie en plein dans les oreilles. Le cockpit est semblable à celui vu en simulation, avec un avantage pour les reflets et salissures sur le pare-brise d’Assetto Corsa. Je retrouve très vite mes marques. La boîte de vitesses est étagée comme il faut. Le freinage est très semblable, l’accélération tout aussi jouissive, le bruit tout de suite identifiable. Je note tout de même un son différent entre Assetto Corsa et Project Cars. Pas forcément de préférence pour l’un par rapport à l’autre mais une impression de son plus étouffé et compressé par rapport au son brut de la vraie voiture. Question volume par contre, vous ne jouez jamais avec le son assez fort en fait. Le bruit étant quand même très épuisant sur une course, autant profiter de ce bénéfice qu’offre la simulation.

Lamborghini Gallardo V10

Boîte séquentielle, palettes au volant, fixes cette fois, un peu surélevées par rapport à la position 9h15, très proches des commodos, qui peuvent gêner. Vous êtes presque couché dans cette voiture. Si vous vous relevez un peu, le casque cogne le plafond. Là, l’accélération était aussi supersonique de 200 à 240 que de 0 à 50. Ça envoyait vraiment fort ! Tenue de route impeccable, un V10 de folie, brutal, un son juste divin. En arrivant à plus de 200 dans le premier virage, j’ai pensé à un autre aspect qui distingue les simulations de la réalité. Contrairement à un jeu vidéo, la peur arrive et l’instinct de survie reprend le dessus. Derrière un écran, c’est beaucoup plus confortable.

 

De retour sur mon cockpit virtuel, sur Assetto Corsa, je constate immédiatement un autre aspect qui ne m’était jamais venu à l’esprit avant de prendre le volant de cette Lamborghini. Vous le savez, vous êtes presque couché dans cette voiture, au ras du sol. La vue cockpit dans la simulation rend très bien cet aspect. Si vous inclinez un peu plus votre siège de bureau en arrière, vous verrez que la vision change complètement. Votre corps s’adaptera beaucoup plus facilement au pare-brise plongeant, à la position des rétroviseurs et l’impression de vitesse retranscrite par la simulation.

Conclusion : regard, corps, son

Pour résumer, je me suis aperçu de trois éléments vraiment très importants auxquels je n’avais pas porté autant d’attention jusqu’à présent sur mes simulations.

Le premier, le regard. Je me demande encore comment faire pour réussir à conduire dans une simulation avec un seul petit écran ! Regarder le point de corde, chercher la sortie du virage : impossible si la vue dans la simulation ne change pas lorsque la tête tourne ! Point de salut sans triple screen ou casque VR.

Le second, le corps. Dans une vraie voiture, le corps tout entier est balancé, lutte, sans cesse, en conduisant ! Le volant apporte son lot d’informations, principalement des pneus, mais la voiture, les forces G, les freinages, les accélérations, tout ceci disparaît complètement lorsque vous êtes équipé uniquement d’un volant, malgré son retour de force. Un siège, un simulateur qui bouge, peut apporter quelque chose de plus réaliste, mais jusqu’à présent, les effets du feedback de mon volant me semblaient apporter tellement que je m’en contentais. Désormais, le fait de ne pas lutter contre les forces avec le corps quand je retournerai sur mes simulations me semblera aussi étrange que conduire une voiture avec une manette au lieu d’un volant. Et sortir de la voiture les jambes encore toutes engourdies à cause de ce que le corps vient d’encaisser, prouve que conduire sur un circuit épuise bien plus physiquement que si vous restez assis confortablement sur votre siège derrière votre écran.

Enfin, le dernier point, le son. Lorsque je suis dans mon cockpit sur ma simulation, je n’ai pas la même immersion que lorsque je me suis installé dans un vrai cockpit. Le son du moteur, selon qu’il soit devant, derrière, juste derrière vous, au milieu, ne vous vient pas du tout aux oreilles de la même façon. Dans une simulation, le son arrive toujours de la même façon dans le cockpit, contrairement à une voiture réelle. Et quand le turbo, le V8 ou le V10, vous envoie toute sa puissance, le changement de mélodie vous décroche un sourire aux lèvres que vous vous étonnez de ne pouvoir retenir !

Pour résumer, c’était une très belle expérience que je conseille à tous les fans de simulation de pouvoir conduire une sportive sur un circuit à fond les « manettes », sans limitation de vitesse et sans radar. En attendant, continuons de tourner sans cesse sur nos circuits avec nos voitures virtuelles, à faire tomber les chronos et gagner les courses en attendant la simulation ultime. Les graphismes de Project Cars, le  retour de force et des pare-brises comme sur Assetto Corsa, les sons envoûtants de RaceRoom, un vrai netcode réseau de qualité pour les courses en ligne, sans oublier un mode carrière pour les joueurs solitaires et la possibilité de personnaliser et améliorer le jeu, encore et encore. Je crois que ce jeu existe, certains y jouent une fois par an en juin dans la Sarthe. Il est pas donné par contre, et il y a peu d’élus. Continuons à économiser donc !