Après avoir publié l’archive de notre dernier magazine, nous regrettions l’absence des Oldies dans la nouvelle formule de Live-Sim. Et comme rien ne nous empêche la poursuite de cette rubrique, nous avons discuté et évoqué nos souvenirs marquants de l’histoire des jeux de Simracing. Le premier que nous évoquerons sera sans aucun doute, un hit que beaucoup n’ont pas oublié et dont on parle encore comme d’une référence. Car c’est un fait, certains jeux marquaient des ruptures par des fonctionnalités majeures, dont certaines, malgré l’évolution de la puissance de calcul, ont pourtant disparu. Commençons donc cette série du Oldies 2.0, par Grand Prix 3 de Microprose.
A vrai dire, Grand Prix 3 est d’abord un jeu de Geoff Crammond. L’homme à qui l’on devait déjà Revs, Stunt Car Racer, Formula One Grand Prix, Grand Prix 2. Bref, une légende du Simracing. Microprose avait alors la licence Formule 1 depuis Grand Prix 2. Il a d’ailleurs donné en 2014, une interview (en anglais) où il se remémore ses belles années.
Microprose proposait avec cet opus, un nouveau standard. Certes, il n’était question que de la saison 1998 avec, pour l’anecdote, un John Newhouse à la place de Jacques Villeneuve pour des histoires de licences. Mais à ce moment-là, les fonctionnalités étaient nombreuses et inédites, surtout vous tenez compte d’un PC en 2000 : le CPU était un Pentium III à 450 Mhz, 64 Mo de RAM, une carte graphique à 16 Mo. Grand Prix 3 ne nécessitait que 320 Mo pour être installé. En voici quelques-unes, jugez par vous-mêmes :
– météo dynamique et paramétrable, de grand ciel bleu en passant par l’averse jusqu’à la mousson, et vice-versa,
– gestion du grip de la piste en dynamique, en fonction des conditions météo,
– trois types de pneus sec et trois types de pneus pluie, avec allocations de 40 pneus sec et 10 pneus pluie par voiture et par week-end,
– réglage des setups avancé (ailerons, balance de freinage, barre anti-roulis avant/arrière, différentiels, rapports de boîtes, hauteur de caisse, entretoises, compression lente/rapide, détente lente/rapide),
– cockpit avec affichage d’informations en temps réel,
– gestion des dégâts,
– animation complète des arrêts aux stands,
– multijoueur en réseau LAN,
– gestion des IAs avec un comportement réaliste,
– acquisition de données,
– replay de 20 secondes.
Si vous comparez avec F1 2016, vous avez sûrement noté que certaines fonctionnalités de cette liste n’y sont pas présentes ? Par exemple, l’allocation des pneus. Dans Grand Prix 3, lors des essais et des qualifications, les pneus devaient être réutilisés afin de garder, comme aujourd’hui, le plus de pneus neufs pour la course. De même, la perte de grip liée à la pluie, ne permet absolument pas de rouler avec des pneus secs. A cette époque, la pluie était déjà un facteur différenciant, et en 2016, elle n’est pas présente dans tous les jeux de simulation. En 2000, Microprose a fait l’effort de coller au plus près du règlement de la F1, afin de rendre l’immersion la plus crédible possible. Il faut croire qu’aujourd’hui, c’est trop compliqué…
A l’époque, le multijoueur par Internet n’était pas présent. Les connexions utilisaient des modems 56K. Difficile de se prémunir des lags. Microprose a évidemment jugé qu’il était inutile de payer la licence à Bernie Ecclestone pour un usage multijoueur sur Internet. Principalement nous roulions Offline, avec les copains. Le jeu permutait les joueurs derrière le volant (l’IA se chargeant du pilotage de celui qui ne conduisait plus). L’IA d’ailleurs était très finement réglée, pas comme aujourd’hui, où les éditeurs ne travaillent que très peu cet aspect, à cause d’un usage principalement Online. A l’époque, doubler en mode As était difficile. L’IA se défendait, en se décalant par exemple juste avant la zone de freinage. Cela rendait l’exercice périlleux. Il fallait toujours être précis sur les freins pour pouvoir dépasser, sans quoi l’IA vous redoublait aussitôt.
Peu de temps après, l’Internet a percé. La frustration a permis à certains de trouver des solutions de contournement, comme Hamachi, par exemple. Cet outil créait un tunnel VPN et dupait le jeu en lui faisant croire qu’il s’agissait d’un réseau local. La recherche a aussi permis de découvrir que le modding était possible. Je me souviens d’avoir modifié les fichiers de ma voiture pour passer le moteur à 1500 CV. Je ne vous cache pas que dépasser des F1 avec plus de 100 km/h de différentiel est très sportif. De même, des moddeurs comme Ralph Hummerich, ont créé les voitures et livrées à partir de 1999 jusqu’à 2005 et même jusqu’à la saison 2016 avec Grand Prix 4. Par ailleurs, GPxPatch autorisait l’affichage d’informations primordiales pour gérer la course grâce à des overlay sur l’écran de Grand Prix 3.
En 2000, au moment de sa sortie, Grand Prix 3 était bien le sommet de la pyramide Simracing. Malgré ses imperfections, j’ai adoré y rouler. Et en écrivant cet article, nous nous sommes demandés si nous devions le réinstaller puisque nous avions encore les galettes. Ça fait du bien de devoir se rappeler tout ça. La suite est une autre histoire : Grand Prix 3 a laissé sa place à Grand Prix 4, puis Sony a racheté les droits de la Formule 1 pour la Playstation. Il n’y aura jamais de Grand Prix 5, et c’est bien dommage.